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L’Union européenne se prépare à se passer du gaz russe : quelles conséquences ?

décryptage de l'UE
23 octobre 2025 par

Le lundi 20 octobre, les ministres de l’Énergie de l’Conseil de l’Union européenne ont adopté le principe d’un règlement visant à éliminer progressivement les importations de gaz russe, dans le cadre du plan REPowerEU. Ce texte marque une étape forte dans la stratégie européenne de se libérer de la dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.

Une feuille de route claire

Ce règlement prévoit qu’à partir du 1er janvier 2026, les importations de gaz russe via gazoducs ou en forme de gaz naturel liquéfié (GNL) seront interdites. Toutefois, afin de ne pas désorganiser brusquement le marché énergétique, un dispositif de transition est prévu :

  • les contrats à court terme conclus avant le 17 juin 2025 pourront être prolongés jusqu’au 17 juin 2026.
  • les contrats à long terme pourront rester valables jusqu’au 1er janvier 2028.
    Des modifications contractuelles seront possibles uniquement dans un cadre très défini (pas d’augmentation de volume, sauf exceptions pour États membres enclavés).

Vers une nouvelle ère énergétique

Parallèlement, l’UE assouplit certaines procédures pour les importations non russes de gaz et renforce les contrôles pour les importations russes (durant la phase transitoire) : l’origine des volumes devra être documentée, des mécanismes de surveillance et de notification étendus pour éviter que du gaz russe ne pénètre indirectement le marché européen.

En outre, les États membres qui continuent d’importer du gaz ou du pétrole russe devront préparer des plans nationaux de diversification de leurs fournisseurs et de leurs modalités d’achat. Pour mémoire, en 2025, le gaz russe représenterait encore environ 13 % des importations de l’UE, pour une valeur de plus de 15 milliards d’euros.

Pourquoi cette orientation ?

Le plan REPowerEU avait été lancé par la Commission européenne en mai 2022, en réaction à l’agression russe en Ukraine, avec deux objectifs principaux :

Impacts attendus et enjeux

Pour la sécurité énergétique :

  • ces mesures ouvrent la voie à une autonomie accrue de l’UE vis-à-vis des exportations russes, réduisant les risques de coupures ou de chantage énergétique.
  • elles imposent un effort de diversification des sources (nouveaux fournisseurs de GNL, interconnexions, stockage) et une montée en puissance des renouvelables.

Pour le marché et les acteurs concernés :

  • les importateurs devront s’adapter à des échéances nouvelles, ce qui peut entraîner des coûts ou des investissements supplémentaires.
  • certains États fortement dépendants risquent des tensions ou des défis de transition.
  • à long terme, la transition peut stimuler l’innovation, les filières vertes et les emplois associés.

Pour le climat et la transition énergétique :

  • en se libérant du gaz russe, l’UE inscrit plus fortement la dimension géopolitique dans sa stratégie énergétique et climatique.
  • l’effort de diversification et d’efficacité peut accélérer la baisse de la consommation fossile et l’essor des renouvelables. statkraft.com+1

Défis à relever

  • Remplacer ces volumes : même si la part russe baisse, la demande existe et doit être satisfaite autrement, ce qui requiert investissements et planification.
  • Maintenir l’équilibre économique : les coûts de transition ne doivent pas peser excessivement sur les consommateurs ou l’industrie.
  • Coordination européenne : les États-membres ont des profils très différents (géographiques, infrastructures, dépendances) ; la réussite dépend d’une bonne coopération.

Conclusion

L’adoption de cette nouvelle étape dans le cadre de REPowerEU marque un tournant : l’UE s’oriente vers une stratégie structurée pour se détacher du gaz russe, réduire les risques géopolitiques et refonder son approvisionnement énergétique. Pour les acteurs publics et privés, c’est un signal clair : la transition n’est plus seulement environnementale, elle est aussi stratégique. Reste à suivre la mise en œuvre opérationnelle et les effets concrets dans les États membres, sur les marchés et sur la filière énergétique.

Décret Tertiaire
arrêté du 1er août 2025